Alexandre DUMAS

 

Dans un roman, Alexandre Dumas avait écrit cette phrase : "La douleur épouvantable qu'occasionne le vide." Un de ses amis la lui reprocha : 

- Alexandre, vous écrivez vraiment de plus en plus mal. Qu'est-ce que ça veut dire ? Est-ce que le vide peut être douloureux ? 

- Vous n'avez jamais mal à la tête ? lui répondit Dumas.

 

Alphonse ALLAIS

 

Alphonse Allais écrivait régulièrement pour un journal et venait, chaque mois, trouver le caissier en lui disant : 

- Bonjour, je viens toucher mon appointement. 

Au bout de quelques mois, le caissier ne put s'empêcher de lui faire remarquer qu'on devait dire mes appointements. 

- Bah ! rétorqua Allais, je ne vais quand même pas déranger le pluriel pour si peu de chose.

 

- J'ai souvent remarqué, pour ma part, que les cocus épousent de préférence les femmes adultères.

 

- Il est toujours avantageux de porter un titre nobiliaire. Être "de quelque chose", ça pose un homme, comme être "de garenne", ça pose un lapin. 

 

Sur NAPOLÉON

 

En 1815, le journal représentant la pensée officielle de l'époque, s'appelait Le Moniteur. Voici les différents titres de ce journal, entre le moment où Napoléon s'évada de l'île d'Elbe et celui où il arriva à Paris : 

1 "L'anthropophage est sorti de son repaire." 

2 "L'ogre de Corse vient de débarquer à Golfe-Juan." 

3 "Le tigre est arrivé à Gap." 

4 "Le monstre a couché à Grenoble." 

5 " Le tyran a traversé Lyon." 

6 "L'usurpateur est à 60 lieues de la capitale." 

7 "L'empereur est arrivé à Fontainebleau." 

8 "Sa Majesté Impériale a fait hier son entrée aux Tuileries, acclamée par tous ses sujets."

 

FONTENELLE

 

A 90 ans, resté "vert", Fontenelle lutinait une jeune fille dans un couloir. La jeune personne protesta : 

- Arrêtez-vous, Monsieur. Sinon, je crie. 

- Oh oui ! Oh oui, criez ! dit Fontenelle. Cela nous fera honneur à tous les 2.

 

Un jour, on lui annonça qu'une dame, vague connaissance, venait de mourir de la petite vérole. 

- Cela ne m'étonne pas, dit-il. Elle a toujours été excessivement modeste.

 

La veille de sa mort, survenue à 100 ans, quelqu'un lui demanda : 

- Comment ça va ? 

- Oh... ça ne va pas, répondit Fontenelle, ça s'en va...

 

Le matin même de sa mort, son médecin ayant demandé à Fontenelle ce qu'il éprouvait réellement, il lui répondit : 

- Oh... j'éprouve une très grande difficulté d'être.

 

Henri JEANSON

 

Henri Jeanson, qui n'aimait pas beaucoup les producteurs de cinéma, disait de l'un d'eux : 

- C'est un producteur qui ne produit rien, même pas une bonne impression.

 

- Pourquoi faut-il que les noces ne durent qu'un jour, et le mariage toute la vie ?

 

ROCHEFORT

 

Un de ses amis ayant tué sa femme, Rochefort accepta, au procès, d'être témoin à décharge, tant il était persuadé que cet ami avait agi impulsivement, sans préméditation. Malheureusement, il fut prouvé que le meurtrier se promenait avec un revolver en poche, pendant les deux jours précédant le crime. Le Président put donc dire à Rochefort : 

- Vous avez beaucoup de talent, nul n'en doute ici ; mais, malgré cela, je ne pense pas que vous parviendrez à nous prouver qu'on peut se balader, comme ça, avec un revolver dans sa poche, sans avoir l'intention de tuer. 

- Écoutez, monsieur le Président, répondit Rochefort, je vous jure que j'ai sur moi, actuellement, tout pour commettre un attentat aux moeurs et je n'ai absolument pas l'intention d'en commettre un dans cette enceinte.

 

Paul de CASTAGNAC

 

Paul de Castagnac, député et journaliste, interpella, un jour, un orateur qui se trouvait à la tribune de l'Assemblée, en lui criant :

- Porc-épic ! Vous êtes un porc-épic, Monsieur.

- Retirez ce mot, monsieur de Castagnac, lui demanda le Président.

- Non.

- Je vous demande de le retirer.

- Très bien. Alors, je retire "épic", monsieur le Président.

 

Castagnac, qui était fort célèbre, se battait souvent en duel ; en avoir un avec lui, c'était la notoriété assurée, pratiquement du jour au lendemain. De ce fait, il était très souvent provoqué. Un jour, entre autres, par un jeune journaliste, avide de gloire.

- Très bien, dit Castagnac, nous nous battrons. Mais comme je suis l'insulté, je peux choisir les armes. Eh bien, j'ai lu vos articles, je choisis l'orthographe, vous êtes mort.

 

Alfred CAPUS

 

Alfred Capus disait :

- Tout s'arrange dans la vie, même mal.

 

- J'ai rencontré, l'autre jour, un de mes amis. Il a grossi comme un cochon.

Alfred Capus prit un temps, puis ajouta :

- De toute façon, je ne vois pas comment il aurait pu grossir autrement.

 

Capus fut invité au grand banquet qui réunit les 30 000 maires de France, sous une immense tente, dressée sur le Champ-de-Mars. A la fin, il s'en alla en disant :

- Je n'aime pas ces banquets où l'on est 30 000. Ils portent malheur. Y'en a toujours un qui meurt dans l'année.

 

Duc de MORNY

 

Le duc de Morny, ministre sous Napoléon III, reçut un jour la visite du baron de Rothschild, qui avait demandé à le voir. Morny était en train d'écrire à son bureau et, sans lever les yeux, il dit, d'un ton un peu sec :

- Prenez une chaise.

Le baron était peu habitué à être traité ainsi.

- Mais... je suis le baron de Rothschild.

- Bon... très bien... alors, prenez deux chaises.

 

RIVAROL

 

- Nous autres, gens d'esprit, dit un jour quelqu'un à Rivarol.

- Oh ! Attention, répondit-il, attention ! Voilà un pluriel bien singulier.

 

- Je pars pour une huitaine de jours, lui annonça une dame de ses amies. Mais, comptez sur moi, je vous écrirai sans faute.

- Ne vous gênez pas pour moi, dit Rivarol, écrivez comme d'habitude.

 

En 1791, Louis XVI, ne sachant plus très bien où il en était, demandait conseil à tout le monde, mais ne suivait, d'ailleurs, aucun avis. Il fit venir Rivarol.

- Monsieur Rivarol, dites-moi : que pourrais-je faire ?

- Sire, faites le roi.

 

Rivarol, sans doute à l'adresse des hommes politiques, écrivit :

- C'est un énorme avantage que de n'avoir jamais rien fait. Encore faut-il, peut être, ne pas en abuser.

 

John STEINBECK

 

- Rien, ni personne, ne peut avoir tout à fait tort. Même une horloge arrêtée a raison deux fois par jour.

 

Marcel JOUHANDEAU

 

Cet auteur, célèbre pour ses démêlés conjugaux avec sa femme Élise, disait :

- Les hommes naissent libres et égaux en droit. Seulement, voilà, après, il y en a qui se marient...

 

- Que faisiez-vous avant de vous marier ? demanda-t-on un jour à Marcel Jouhandeau.

- Avant ? Je faisais tout ce que je voulais.

 

Winston CHURCHILL

 

Un jour de vacances qu'il passait sur la Côte d'Azur, Sir Winston Churchill se trouva dans un salon, seul homme parmi plusieurs femmes. Il dut peut-être se montrer un tantinet désagréable, puisque l'une d'elles finit par dire :

- Sir, si j'étais votre femme, je mettrais du poison dans votre thé.

- Madame, répondit Churchill, si vous étiez ma femme, je le boirais.

 

- Une pomme, chaque jour, c'est excellent pour la santé, disait un jour Winston Churchill à un ami.

- Ah bon ? Vraiment ? Et à quel moment de la journée faut-il la manger ?

- Il ne s'agit pas de la manger : c'est pour jeter à la tête du médecin quand il s'approche de chez vous.

 

Churchill dit un jour :

- Les hommes trébuchent parfois sur la vérité, mais la plupart se redressent et passent vite leur chemin comme si rien ne leur était arrivé.

 

Jacques PRÉVERT

 

Prévert donne ce conseil :

- Si quelqu'un vous dit "Je me tue à vous le dire", laissez-le mourir.

 

COMMERSON

 

A un groupe de gens :

- Soyez heureux... C'est là le vrai bonheur.

 

Eugène LABICHE

 

Labiche était marié à une femme extrêmement tyrannique. Disons qu'il faisait des pièces et qu'elle lui faisait des scènes... Il était soumis à cette femme et faisait même preuve, vis-à-vis d'elle, d'une grande veulerie. Six mois avant de mourir, il rédigea un testament qui commence par ces mots :

"Voici mes premières volontés."

 

Georges COURTELINE

 

Courteline affirmait fréquemment la chose suivante :

- Un des plus clairs effets de la présence d'un enfant dans le ménage est de rendre complètement idiots de braves gens qui, sans lui, n'eussent peut-être été que de simples imbéciles.

 

Dans le même ordre d'idée, il disait aussi :

- Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet.

 

Comme on parlait d'un jeune homme qui semblait se conduire de façon absurde et désordonnée, il dit :

- Laissez-le. Il vaut mieux gâcher sa jeunesse que de n'en rien faire du tout.

 

- Ah mon cher, affirmait-il joyeusement à un ami, je ne sais pas de spectacle plus réconfortant que celui d'un monsieur recevant de main de maître une beigne qu'il avait cherchée.

 

- Je vais vous dire une bonne chose, dit un jour Courteline. S'il fallait tolérer aux autres tout ce qu'on se permet à soi-même, la vie ne serait plus tenable.

 

Lucien GUITRY

 

Lucien Guitry se trouvait dans sa loge, en train de se maquiller, et entre une espèce de raseur qui depuis des semaines et des semaines essayait d'obtenir de lui un rendez-vous. Lucien Guitry remettait tout le temps, mais là, devant le type, il ne pouvait plus reculer.

- Écoutez, dit-il, c'est simple, voyons-nous, si vous voulez, mercredi prochain ? D'accord ? Parfait. C'est entendu. Au revoir, monsieur.

Lucien Guitry continue à se maquiller, se tourne vers son valet de chambre et lui dit :

- Évidemment, vous écrivez à cet imbécile que je ne suis pas libre mercredi soir...

Et tout en disant ça, soudain il s'aperçoit que le raseur n'est pas sorti de la loge. Il ne perd pas son sang-froid et ajoute :

- ... parce que, mercredi soir, je dîne avec Monsieur, ici présent.

 

Sacha GUITRY

 

Sacha Guitry jouait un de ses grands succès, Désiré, et tenait le rôle de Désiré, qui était un valet de chambre. Au cours d'une représentation, il se trouva invité à un cérémonie organisée en son honneur chez Maxim's, un dimanche, entre la matinée et la soirée. Sacha Guitry, qui était la courtoisie même, ne voulut pas faire attendre ses hôtes et se rendit à la cérémonie avec le costume de la pièce, en habit de valet de chambre, par conséquent. On le reçut avec tous les honneurs qui lui étaient dus ; la fête battait son plein quand un homme très mal élevé s'approcha de Guitry en lui disant :

- Eh larbin... Tu peux m'indiquer les toilettes ?... Cela fait partie de ton boulot.

- Naturellement, répondit gentiment Guitry. Monsieur, vous allez tout droit, vous descendez l'escalier à gauche, vous arrivez devant une porte sur laquelle est écrit "Gentlemen". Mais vous pouvez entrer quand même.

 

- Vous savez, entre nous, quand on donne un baiser à quelqu'un, c'est qu'on a envie d'être embrassé soi-même.

 

On n'était pas toujours tendre avec Sacha Guitry. Des critiques acerbes pleuvaient souvent. Ce qui lui permit de dire :

- Si ceux qui disent du mal de moi savaient exactement ce que je pense d'eux, ils en diraient bien davantage.

 

- Quand se décidera-t-on à prendre au sérieux les comiques ?

 

Une des plus belles "sorties" de Sacha Guitry :

- Je suis contre les femmes... Tout contre.

 

Et, justement, il adorait parler des femmes :

- Il y a devant l'amour trois sortes de femmes : celles qu'on épouse, celles qu'on aime et celles qu'on paie. ça peut très bien être la même. On commence par la payer, on se met à l'aimer, puis on finit par l'épouser.

 

Et ceci encore :

- Les honnêtes femmes sont inconsolables des fautes qu'elles n'ont pas commises.

 

Et enfin : 

- Il y a des femmes dont l'infidélité est le seul lien qui les attache encore à leur mari.

 

FOUCHÉ

 

Ce ministre de Napoléon dit un jour, à propos de Talleyrand qui venait d'être nommé vice-chancelier :

- Il ne lui manquait plus que ce vice là.

 

Alphonse KARR

 

Alphonse Karr trouvait qu'autour de lui beaucoup trop de gens se sentaient une vocation pour l'écriture. Il le déplorait et disait :

- Le nombre des écrivains est déjà incalculable et ira toujours croissant, parce que c'est le seul métier, avec la politique, qu'on ose faire sans l'avoir appris.

 

Georges CLEMENCEAU

 

Ce Vendéen, éminent homme d'Etat, ne manquait point d'un certain humour, teinté de cynisme ; ne disait-il pas :

- Le plus beau moment de l'amour, c'est quand on monte l'escalier...

 

Jules JOUY

 

Une merveilleuse paraphrase :

- Les habits de nos amis sont nos habits.